Par
Tchibouela Makosso
K2 : Le Président François Hollande a déclaré
récemment que « la France tient à certains principes, ceux
qui ne les reconnaissent pas n’ont pas vocation à y rester », que
peut-on en tirer comme conséquences ?
K1 : Il est toujours important et essentiel en
général, de rappeler les fondations d’un Etat, d’une société, d’une famille,
d’un individu…Ces fondations sont les repères autour desquels s’élaborent les
idéaux, des projets, la marche de la société et l’affirmation de son identité.
Il est donc louable que le Président de la République Française fasse ce rappel.
Cependant, il y a d’un côté la lettre et son esprit, et de l’autre, la
pratique. Et, c’est la pratique qui en
définitive est le juge ultime de la cohérence entre les Hommes et les principes
qu’ils sont censés incarnés.
K2 : Est-ce qu’il y a accord entre le discours et
la pratique de la France puisqu’il s’agit d’elle?
K1 : Malheureusement, il est des pans de cette même
France qui prennent à défaut cette image sémantique, ce discours, cette vitrine
dont se réclame la France. En effet, en considérant par exemple, la politique
étrangère de la France, notamment, avec les Etats qui furent ses ex-colonies à
Tikama, celle-ci ternit à bien d’égards lesdits principes. Des principes qui
ont tant suscité et suscitent encore de l’admiration à l’extérieur de la France…
K2 : Que constate-t-on à ce niveau ?...
K1 : En France, les Français y sont libres dans le
choix de leurs Dirigeants. L’alternance politique s’y opère selon les
aspirations du peuple français du niveau local à la magistrature suprême. La vie
politique s’y déroule sans en arriver à des guerres fratricides mettant en jeu
les forces de l’ordre contre la population. De nombreux leviers prévus et
garantis par la Constitution permettent aux Français de participer librement à
la vie associative, syndicale et politique sans avoir à craindre de leur vie. Les
forces de l’Ordre quant à elles, y sont à leur place. Les Dirigeants politiques
s’efforcent d’apporter des réponses aux préoccupations des populations et de l’Etat.
Bref, la dimension politique pour se restreindre qu’à celle-ci, fonctionne au
sein de la société française, selon les mécanismes de la Constitution française…
K2 : Ce qui est une bonne chose, convenons-en, si j’ose
m’exprimer ainsi…
K1 : Oui…Mais, on constate que cet idéal que
cultivent les Gouvernants Français sur leur sol est battu en brèche hors des
frontières Françaises. Les Gouvernants français se transforment en des
véritables freins d’épanouissement des autres peuples. La dernière preuve nous
est donnée par le cas du Congo-Brazzaville.
En effet, Monsieur
Denis SASSOU NGUESSO, Président du Congo prît dans son propre piège (limitation
à 2 mandats présidentiels) de la Constitution qu’il mit en place, après son
sanglant coup d’Etat qui l’emmena au pouvoir, avec la complicité de la France du
Président Jacques CHIRAC, s’est lancé dans une démarche de changement de la
Constitution pour rester au pouvoir advitam aeternam. Une démarche qu’il a
construite autour d’une fallacieuse consultation du peuple Congolais via des Dirigeants
politiques, associatifs,….
Voilà donc,
ce Président, dans la dernière année de son deuxième et ultime Mandat annoncer au
peuple Congolais et à la l’opinion internationale dans un Message enregistré et
diffusé le 22/09/15, l’organisation d’un Référendum visant à changer la
Constitution !
La
Constitution sur laquelle il prêta serment devant le peuple Congolais de
respecter, interdit explicitement de modifier l’article relatif à la limitation
des Mandats à la tête du pays. Cette même Constitution dite de 2002 définit par
ailleurs, les champs qui peuvent faire l’objet de révisions éventuelles. En ce
sens, elle est suffisamment balisée pour prévenir les tripatouillages. De plus,
le Congo ne se trouve pas en face d’une crise de fonctionnement de ses
institutions, lesquelles accordent les pleins pouvoirs à l’actuel Président et
font de lui, le seul et principal comptable de la gestion du pays.
Or, on
constate que son entêtement à poursuivre son projet de changement de la
Constitution vient aussi du Sésame qu’il a obtenu relativement récemment du
Président Français, lors de sa dernière visite en France en juillet dernier. Au
cours de celle-ci, comme il a été rapporté par le Journaliste de l’hebdomadaire
Jeune Afrique, Monsieur François SOUDAN, Monsieur François HOLLANDE a conseillé
Mr Denis SASSOU NGUESSO d’entourer son projet d’évolution des
institutions (y entendre, changement de la Constitution) de son pays d’un
consensus maximal ! De qui se moque-t-on ?
Comment est-ce qu’un
Président Français, au demeurant, attaché aux principes fondateurs de la France
dont il en a fait le rappel cette semaine, se permettre de soutenir un projet
violant la Constitution d’un Etat, conduit par un Dirigeant GENOCIDAIRE,
CORROMPU et CORRUPTEUR, PILLEUR des richesses de son Etat, INCOMPETENT,
DISCRIMINANT sa population en les UNS (dont il fait partie) ET LES AUTRES,… ?
Les
souffrances du peuple Congolais soumis à une implacable dictature
laissent-elles indifférent le Président Français, Monsieur François HOLLANDE ?
Les sacro-saints principes de la France se sont-ils brisés sur l’écueil du
Congo ?!...
K2 : On y voit donc, une double attitude, un double
langage de la France officielle : Le langage en interne, mielleux,
humaniste et universaliste et, le langage externe qu’ignore la majorité des
Français, où tous ces nobles principes sont alors foulés des pieds. Une telle
attitude que certains pensaient révolue fait-il poser la question de la valeur
de la vie d’un Congolais face à celle d’un français aux yeux des autorités
françaises ? N’a-t-on pas vite fait d’y voir la survivance d’un paradigme
de hiérarchisation sociale, raciale où la vie d’un Noir ne valait pas
grand-chose ? Ou bien, ne compte aux yeux de la France que la sauvegarde
de ses propres intérêts au mépris de ceux des autres, en l’occurrence dans ce
cas, Congolais ? Ou enfin, y’a t’il autre chose ?
K1 : Disons simplement, seul le cours
des évènements nous en apportera la vraie réponse. Cependant, cette posture de
la France ne restera pas sans suite dans les relations entre le Congo et la France
pour ne rester que sur le cas du Congo. On sait aussi, que ce qu’il se passe au
Congo, est suivi par le reste de l’Afrique. Donc, les conséquences peuvent s’étendre
au-delà du Congo.
K2 : En parlant de conséquences, la requête de
création de l’Etat du Sud Congo du 14/04/2014 adressée à l’ONU le 30/04/14,
trouve-t-elle une justification supplémentaire avec l’annonce du Référendum ?
K1 : Absolument. Rappelons d’abord que cette
requête fut justifiée par la nécessité d’offrir un espace de protection et d’épanouissement
aux populations du Sud Congo contre la politique génocidaire de Monsieur Denis
SASSOU NGUESSO qui a créé par ailleurs de fait, son Etat du Nord Congo ayant Oyo
pour Capitale.
En annonçant
la tenue de son référendum contre les dispositions de sa propre Constitution
taillée sur mesure, Monsieur Denis SASSOU NGUESSO vient de révoquer
complétement ladite Constitution. Ainsi, les articles faisant état de l’intégrité
et l’indivisibilité territoriales tombent en désuétude :
Le Congo devient divisible.
Par conséquent, aucune Nation, aucune institution ne pourra s’opposer à la partition
du Congo.
K2 : Finalement, vu ainsi, la posture de la France est
du pain béni pour la scission du Congo en deux Etats ?
K1 : Oui. Entrainé dans son obsession à se cramponner
au pouvoir, Denis SASSOU NGUESSO vient d’offrir sur un plateau d’or fin, tous
les justificatifs de création de l’Etat du Sud Congo !