Par Tchibouela Makosso
K2 : On entend parler de plus en plus de sécession à
Tikama (Afrique). Serait-ce la nouvelle tendance analogue à ce que l’on vît
dans les années soixante ?
K1 : Les années soixante ont vues les anciens territoires
nés de la volonté des Etats colonisateurs occidentaux accéder à l’indépendance.
Mais, une indépendance somme toute relative. Car, les projets sociétaux
auxquels ont été impliquées les populations s’avèrent n’être que la continuité
du projet colonial sous des apparats factices d’Etats indépendants. Car, les
dirigeants africains qui prirent les rênes de ces nouveaux Etats n’ont faits que
préserver et primer les intérêts extérieurs au détriment de ceux des
populations placées sous leur autorité.
Le cadre colonial sous toutes ses formes (spatiale, spirituelle,
politique, économique, culturelle, sociale) fut maintenu. Les dirigeants
africains se sont spécialisés en maintenance de la logique coloniale. En somme,
l’esprit colonial continuait à administrer les nouveaux Etats via les Africains
eux-mêmes…
K2 : …Est-ce à dire, que les indépendances n’ont rien
fondamentalement changé ?
K1 : Oui. Au fond, les dirigeants africains ne sont que
des bras avancés au service des intérêts extérieurs. Ces indépendances s’avèrent
imparfaites, non-abouties. Car, le cadre qui les motiva et donc refreinait les
aspirations des Africains n’avait pas disparu.
La réalisation de celles-ci s’est donc frayer une nouvelle
voie, un nouveau chemin. Car, la vie doit triompher…
K2 : C’est donc ainsi, qu’on en arrive aux sécessions ?
K1 : Les sécessions s’imposent comme voie de
réalisation des aspirations des peuples placés sous des logiques gestionnaires claniques,
ethniques. En effet, dans ces Etats discriminants, le pouvoir est détenu entre
les mains d’un clan, d’une ethnie qui s’arroge tous les privilèges dans la
jouissance des richesses nationales transformées en biens ethno-claniques. Les
conséquences d’une telle gestion sont calamiteuses pour les franges sociétales
marginalisées et pour l’ensemble de la société et donc, de l’Etat.
C’est ainsi, que les coups d’Etat, les remaniements
incessants des constitutions jalonnent le parcours de ces Etats et leur
corollaire, le développement discriminé de l’Etat où certaines régions sont
négligées au profit de celle (s) du clan, de l’ethnie au pouvoir.
C’est l’ensemble de la société qui au final pâtit de cette
approche gestionnaire…
K2 : Ce sont donc les approches gestionnaires discriminantes
en cours à Tikama qui motivent le recours à la sécession ?
K1 : Absolument. Pourquoi continuer à rester dans un
ensemble étatique qui ne garantit plus l’épanouissement de tous et où certains
se cramponnent au pouvoir sans rechercher le Bien de tous, le triomphe de l’intérêt
général ?
Diriger un Etat ou en assumer à quelque échelle, une
quelconque responsabilité, c’est se mettre au service de l’intérêt général. C’est
œuvrer pour la nation et pas pour une ethnie, un clan en particulier. Encore moins,
mettre le pays à la solde des intérêts étrangers.
Il est patent de constater, que les dirigeants africains
depuis les indépendances sont les seuls à maintenir un cadre de vie qui est
loin d’entretenir la Vie. Un cadre de mort.
Voilà pourquoi, la seule alternative d’emmener un nouvel
environnement, un nouveau sursaut, un sursaut de vie dépouillé des entraves
coloniales et ethnico-claniques est la sécession.
Comme on peut s’en douter, la sécession devient le fait des
autres groupes ethniques lésés et marginalisés.
Ces sécessions sont divinement recevables. Car, elles
résultent de la satisfaction de deux critères :
-
Libre
arbitre : expression libre des peuples à s’auto-déterminer.
-
Bu Muntu :
recherche de l’épanouissement, triomphe de la vie.